Gotham by Gaslight, le comics

Et si Jack l’éventreur avait été faire un saut à Gotham City ?

Fin du XIXème siècle, en pleine ère victorienne, sous des allures steampunk, Bruce Wayne rentre d’un long voyage en Europe. Au même moment, une série de meurtres débutent à Gotham, rappelant sous bien des égards les crimes non élucidés à Londres de Jack l’éventreur.

Brian Augustyn plante rapidement le décor de son histoire, un décor illustré par Mike Mignola, encore à ses débuts bien avant Hellboy.

Il revisite ici l’univers de Batman en la transposant dans un monde victorien, et quoi de mieux pour revisiter la mythologie du plus grand détective que de lui opposer le criminel le plus mystérieux de cette fin du XIXe, celui qu’on l’on appelle Jack l’Éventreur ?

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Et il suffit de deux pages, dès l’entame, pour poser les bases du mythe, cette origine que l’on connaît tous désormais: le meurtre des parents du jeune Bruce, dans une autre époque, une autre vision des faits. Le récit ne se perd pas en présentation inutile ou inutilement gonflé et lance rapidement son intrigue – il faut savoir que c’est un récit court, ce qu’on l’on nomme Graphic Novel, ici l’équivalent en taille à un album franco-belge. Et c’est donc dans un récit bien rythmé que l’on se délecte d’un duel entre Jack, Bruce et Batman. En effet, rapidement, Bruce Wayne est accusé d’être Jack l’Éventreur, alors qu’il est dans l’incapacité de révéler la teneur de ces activités nocturnes sous le masque de Batman. Pour s’en sortir, il lui faut alors résoudre tout le mystère de cette enquête, dans un contre la monde avec la mort.

Augustyn nous tient en halène le long du récit, tout autant que Mignola. Et si le récit commence à dater (1989), le trait de Mignola passe très bien l’épreuve du temps ! Il n’est pas encore aussi affiné que lorsqu’il créera quelques années plus tard son oeuvre majeure, Hellboy, mais il est colle déjà plutôt bien à l’ambiance, assez sombre, du récit.

À la suite du récit se présente sa suite : Le maître du temps, toujours scénarisé par Brian Augustyn et cette fois-ci dessiné par Eduardo Barreto.

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Nous sommes quelques mois après les évènements du récit précédent, alors que le Bat-man a disparu et que Gotham s’apprête à célébrer l’entrée dans le nouveau siècle. Le maire souhaite faire de Gotham le centre de cette nouvelle ère, en accueillant l’Exposition Universelle. C’est sans compter l’apparition de Alexandre LeRoi, le « Maître du Futur« , qui met en garde contre ce futur de pollution que représentent moteur et usines et réclame tout pouvoir sur la ville sous peine de la réduire en cendre par « le pouvoir du soleil » …

Des deux récits, c’est celui qui respire le plus l’ambiance victorienne, avec cette exposition universelle, ces dirigeables, et cette idée de lutte et d’alternative à ce monde industrielle de fin du XIXème siècle.

On s’éloigne un peu du côté détective du premier récit pour se pencher sur le côté justicier protecteur (et toujours détective quand même) de Gotham que représente Batman, et notamment via le fait qu’il ait disparu et semble manquer à la ville. L’intrigue paraît alors plus classique, tout en offrant un regard écologique moderne, d’autant plus intéressant que le récit ne date que de 1991.

Côté dessin également, on a un changement de ton : le dessin se veut plus lumineux, notamment porté par un antagoniste « solaire ». Barreto livre des planches dynamiques, avec entre autre un duel LeRoi/Batman des plus intéressant et fascinant !

Petit bonus, l’édition de Urban Comics contient le DVD de l’animé Batman Gotham By Gaslight, récemment produit par DC Comics. Je n’ai cependant pas encore pris le temps de le regarder.

En Résumé : 4/5

Gotham By Gasligth est un ouvrage généreux, permettant de découvrir une autre version de Batman dans un univers plus victorien, qui lui va à ravir. Il a su passer les années sans perdre en saveur, au contraire ! Son caractère détaché de tout univers lui permet également d’être accessible à tout le monde.